Dans la grotte, seulement éclairée par des torches, Geralt restait près d'Aiden, un regard protecteur jeté vers le loup-garou qui trônait plus loin. À côté d'eux, la petite fille qu'ils avaient libérée observait en silence, ses yeux encore remplis de peur. Les ombres des flammes semblaient jouer avec la pierre, et l'atmosphère pesante renforçait la tension.
Soudain, un éclat attira tous les regards : sur le cou d'Aiden, un flocon apparut et brilla d'un bleu intense avant de s'éteindre, redevenant un tatouage noir. Le symbole discret semblait porter un message muet. Aiden ouvrit lentement les yeux, se relevant avec difficulté, la main pressée contre sa tempe comme si un poids invisible écrasait son esprit.
Geralt, son visage empreint d'inquiétude, se pencha vers lui "Ça va, Aiden ?"
Aiden hocha la tête, bien que sa voix trahisse sa confusion :"Oui, mais… il y a tellement d'informations qui déferlent dans ma tête."
Le loup-garou, jusque-là silencieux, inclina la tête, sa voix résonnant comme un murmure lointain "Alors, tu as enfin découvert la vérité sur ce monde ?"
Aiden leva les yeux vers lui, sa voix plus ferme, mais teintée de doute.
" Oui… Il m'a montré tant de choses, y compris… mon rôle. Mais… est-ce que tout cela était décidé d'avance ?"
Geralt l'écoutait en silence. Le mot « destin » résonnait en lui. Ce mot qu'il méprisait et aimait à la fois, en raison de tout ce qu'il représentait pour lui et ses choix passés.
Le loup-garou, qui portait le nom de Gaurfain, hocha lentement la tête.
"La plupart du temps, nous ne choisissons pas notre destin. Mais toi, Aiden, tu le peux."
Aiden fronça les sourcils.
"Je ne comprends pas. Ce que j'ai vu… j'ai un rôle, non ?"
Gaurfain acquiesça.
" Oui, tu l'es. Mais tu oublies quelque chose d'important : tu n'es obligé de rien."
Aiden secoua la tête, visiblement troublé.
"Que veux-tu dire ? Si je ne fais rien, le monde sera détruit."
Le regard de Gaurfain se durcit, mais sa voix resta calme.
"C'est vrai, mais qui te force ? Personne, Aiden. Tu as un choix."
Un silence pesa dans la grotte, les flammes projetant des ombres qui semblaient danser autour d'eux. Aiden, figé, chercha un sens à ces paroles.
"Regarde, quand nous avons fait la guerre, nous le faisions parce que notre créatrice l'exigeait, continua Gaurfain. Nous n'avions pas d'autre choix. Mais toi… tu es libre. Tu pourrais, si tu le souhaites, ignorer tout cela. Tu pourrais devenir assez puissant pour voyager à travers les dimensions et fuir ce monde, le laissant s'effondrer sans toi."
Aiden le fixa, choqué.
" Tu insinues que je devrais laisser mourir tout le monde juste parce que je ne suis pas obligé d'intervenir ? Et ma famille, mes amis ? Et toi, tes rêves ? Pourquoi tout abandonner ?"
Gaurfain observa Aiden d'un œil apparemment indifférent, mais quelque chose brillait au fond de son regard, une sorte de respect peut-être. Aiden n'était plus l'adolescent hésitant qu'il avait rencontré. Il tenait tête, déterminé.
Avec lenteur, Gaurfain se leva du trône et s'approcha d'Aiden. Geralt, réactif, dégaina son épée, prêt à intervenir pour défendre celui qu'il considérait comme un fils.
Mais quelque chose d'inattendu se produisit : Gaurfain vit qu'Aiden l'avait suivi du regard, et que, s'il l'avait voulu, il aurait eu le temps de dégainer lui aussi. Mais Aiden n'avait pas bougé.
D'un ton grave, Gaurfain dit doucement :
" J'ai abandonné depuis longtemps. Ces batailles, ces trahisons… surtout celle des vampires. Je veux seulement trouver le repos, près de celle que j'aime."
Ses yeux se fixèrent intensément sur Aiden.
"Choisis bien, Aquila. Seras-tu capable de sacrifier ta vie pour sauver ce monde ? Ou décideras-tu de vivre pour toi-même ? C'est ça, ton vrai destin. Mais si tu choisis de protéger ce monde, sache que tu risques de mourir."
Les mots résonnèrent dans la grotte, et Geralt, stupéfait, voulut protester. Mais un simple geste d'Aiden lui indiqua qu'il lui expliquerait tout plus tard. Geralt recula, bien que son regard restât vigilant.
Gaurfain observait Aiden baisser la tête, les poings serrés, comme s'il se préparait à faire un choix décisif. Aiden prit une grande inspiration, puis releva la tête, ses yeux empreints d'une résolution calme. Il se tourna vers Geralt.
Geralt, pars avec la fille.
Geralt, sérieux, le fixa.
" Qu'est-ce que tu comptes faire, Aiden ?"
Aiden lui sourit faiblement.
"Fais-moi confiance. N'interviens pas. C'est mon combat."
Geralt serra les poings, réalisant ce que cela signifiait.
"Aiden… tu ne veux pas dire que…"
La voix d'Aiden s'éleva, ferme, presque tranchante :
" Geralt, s'il te plaît. Fais-moi confiance."
Sans un mot de plus, il s'avança vers Gaurfain, déterminé.
Le cœur lourd, Geralt regarda son protégé s'éloigner. Il serra les poings, une colère sourde l'envahissant. Il savait que dans cette bataille, il ne pourrait rien faire. Impuissant, il prit la main de la petite fille et quitta la grotte, murmurant une prière pour qu'Aiden revienne.
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Je m'avançai vers Gaurfain, mon cœur battant plus fort à chaque pas. Il était gigantesque, une masse d'ombre et de muscle qui me dominait de toute sa hauteur. Inspirant profondément, je dégainai mon épée, laissant le fourreau tomber lourdement au sol dans un bruit sourd qui résonna dans la grotte. L'épée paraissait presque légère, comme si elle savait que ce combat était inévitable, nécessaire.
Je levai les yeux vers Gaurfain, rencontrant son regard perçant.
« As-tu fait ton choix, Aquila ? » demanda-t-il, sa voix profonde brisant le silence.
Je serrai le manche de mon épée, ancrant mes pieds dans le sol, et répondis d'une voix plus ferme que je ne l'aurais cru :
« Oui. Tu seras mon épreuve, le test de ma volonté pour sauver ce monde. »
Un bref silence plana avant que Gaurfain ne hoche lentement la tête, ses griffes s'allongeant dans un moment menaçant.
« Alors viens, Aquila… porteur de l'espoir et du poids de ce monde. Montre-moi la force de ta détermination. »
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Gaurfain bondit soudainement vers moi, ses griffes massives tranchant l'air en visant ma tête. J'eus à peine le temps de lever mon épée pour bloquer son attaque, provoquant un choc si puissant que des étincelles éclatèrent dans l'obscurité de la grotte. L'impact me fit reculer, mais je fis une pirouette pour retrouver mon équilibre, puis lançai un souffle glacé. La vague de froid força Gaurfain à reculer, recouvrant sa fourrure de givre et gelant tout autour de lui.
Indifférent, Gaurfain déchira la glace avec ses griffes, des filets de sang perlant là où la glace avait entaillé sa peau. Surpris, il jeta un coup d'œil vers moi, me voyant foncer à nouveau vers lui. Dans un murmure, il grogna :
« Geler ma fourrure… puis enchaîner avec des pointes de glace, qui se fixent dans mon corps… ce foutu dieu t'a vraiment donné ses rêves, n'est-ce pas ? »
D'un mouvement brutal, il frappa le sol de son pied, ouvrant un large fossé qui se propagea en ma direction. Je bondis de côté pour éviter la crevasse et sprintai vers lui. Gaurfain esquissa un sourire féroce, et soudain, sa fourrure se hérissa tandis qu'une aura blanche et étincelante émanait de son corps. Le sol sous lui se fissura sous l'intensité de son pouvoir. Il rugit :
« VIENS, AQUILA ! MONTRE-MOI CE QUE CES FOUTUS DIEUX ET CES MORTELS ATTENDENT DE TOI ! »
Dans un éclair, il fondit sur moi avec une vitesse incroyable, me propulsant contre le mur de la grotte. Le choc me coupa le souffle, mais je m'agrippai à la paroi glacée avec mes pieds, utilisant la glace pour me stabiliser. Je pris appui et me jetai directement vers lui, l'épée prête, décidé à le rencontrer de front.
S'en suivit une série d'échanges fulgurants. Chaque coup que j'assénais rencontrait ses griffes, déclenchant des gerbes d'étincelles. Du sang éclaboussait la roche, ses gouttelettes tombant en rythme avec notre duel. Je pouvais sentir la fatigue brûler dans mes muscles, mais je refusais de lâcher prise. L'un de nous souriait, l'autre demeurait impassible, tandis que la grotte autrefois éclairée par les torches s'assombrissait, les flammes vacillant sous l'air glacial. Le froid envahissait chaque recoin, et les parois étaient désormais couvertes de glace, de marques de griffes et de trous, traces indélébiles de notre combat.
Le duel était acharné, une pure confrontation de volontés, où aucun de nous ne semblait vouloir céder. Gaurfain passa à quatre pattes, sa vitesse redoublant, et il tourna autour de moi, cherchant la moindre ouverture pour frapper. Je me défendais, mais ses attaques me laissaient de plus en plus de blessures profondes, chaque coup affaiblissant un peu plus mes forces.
J'encaissai un coup violent qui me fit cracher du sang, me pliant en deux sous la douleur avant de tomber à genoux. Gaurfain s'arrêta, lui-même couvert de blessures. Des gelures marquaient sa peau, des coupures zébraient son corps, et son œil gauche, enflé, était maintenant fermé. Mais il s'approcha de moi, l'air triomphant.
« Tu as perdu, Aquila, » murmura-t-il avec un sourire cruel. « Abandonne tes espoirs et regarde ce monde se détruire. »
Je levai les yeux vers lui, et, malgré la douleur qui envahissait mon corps, un sourire apparut sur mon visage. Gaurfain sembla hésiter, remarquant ce sourire inattendu. Soudain, des pointes de glace jaillirent de l'intérieur de son corps, transperçant sa peau en plusieurs endroits. Il tomba à genoux, les yeux écarquillés, tandis que je m'approchai de lui, mon épée brisée dans la main, tâchée de sang et de givre.
« Comment… ? » murmura-t-il, crachant du sang.
Je m'arrêtai juste devant lui, le regardant droit dans les yeux.
« J'ai joué la patience. Je savais que je n'avais ni ta force, ni ta vitesse, ni ton expérience. Mais j'avais une stratégie. »
Je laissai mon regard se promener autour de la grotte, observant les murs désormais recouverts de glace.
« Tu étais tellement concentré sur le combat que tu n'as pas remarqué la température chuter. Petit à petit, ton propre sang a commencé à geler. »
Je m'accroupis à son niveau, le regard fixé dans le sien.
« N'oublie pas, je suis maître de tout ce qui gèle. Ton sang est devenu mon arme, Gaurfain. Mon plan a fonctionné. »
Un rire amer échappa à Gaurfain, même sous la douleur qui le ravageait. Il secoua faiblement la tête.
« Tu as prouvé… que tu en es capable… de sauver ce monde. »
Il leva les yeux vers le plafond de la grotte, son regard se perdant dans le lointain.
« Selina… était une voyante, une servante de la déesse Tuilë. Ironique, non ? » Un faible sourire se dessina sur son visage marqué par la fatigue. « Mon amour était dévoué à mon ennemie d'autrefois… et pourtant, malgré sa disparition, cette déesse a béni ma femme et nous a donné un enfant… jusqu'au massacre… »
Des larmes coulèrent sur son visage, mêlées aux gouttes de sang.
« J'ai vu ma famille, ma tribu… mourir sous les trahisons. J'étais rempli de haine pour ce monde. Mais elle… elle m'a dit de sourire. Elle m'a dit que j'étais destiné à guider Aquila, le porteur d'espoir. Et me voilà, aujourd'hui… »
Son regard s'adoucit tandis qu'il me fixait. Il attrapa mon plastron d'une main tremblante, me rapprochant de lui, et ses yeux rencontrèrent les miens. Dans son regard, je vis quelque chose d'étrange,c'était un regard rempli d'espoir et d'attente différend du regard impassible qu'il avait à chaque fois.
« Maintenant, je comprends pourquoi Selina avait foi en toi. Alors, je t'en prie… sauve ce monde. Ne suis personne d'autre que tes convictions, Aquila. »
Gaurfain relâcha sa prise, son regard se tournant une dernière fois vers le plafond glacé de la grotte. Une larme solitaire coula le long de sa joue tandis qu'il murmurait, presque pour lui-même :
« Je te rejoins, Selina… J'ai accompli ton rêve… Il est prêt à affronter ce qui l'attend. Et moi… je meurs en guerrier… »
Sa respiration ralentit, puis s'arrêta. Le silence s'installa, et le froid envahit la grotte. Gaurfain, étendu dans le givre, ferma les yeux pour la dernière fois, rejoignant ceux qu'il aimait dans un repos éternel.