Le soleil couchant baignait les plaines verdoyantes de Windbreeze d'une lumière dorée, créant un spectacle de couleurs chatoyantes. Valentin se tenait au milieu de cette beauté, un bouquet de lotus et de mimosa dans sa main, leurs pétales délicats caressant ses doigts. Le parfum suave des fleurs emplissait l'air, mêlé à l'odeur de la terre humide après la pluie. À ses côtés, une jeune fille, dont le visage restait flou, lui souriait. Ses yeux brillaient d'une lumière douce et chaleureuse. Ses cheveux étaient lâchés sur ses épaules, caressant son visage délicat. Valentin ne parvenait pas à distinguer ses traits avec précision, comme si un voile invisible les cachait à ses yeux.
Il sentait une chaleur particulière en sa présence, un sentiment de familiarité. Ils marchaient main dans la main, silencieux, perdus dans leur propre monde. Le vent caressait leurs visages, transportant avec lui le chant mélodieux des oiseaux et le murmure des feuilles. Valentin se sentait heureux, paisible. Il avait l'impression de retrouver une partie de lui-même qu'il avait oubliée, un souvenir enfoui au fond de son cœur. Il avait l'impression de connaître cette fille depuis toujours, comme si elle était une partie intégrante de son existence. Ils riaient ensemble, festoyaient ensemble, dansaient ensemble, dans l'immensité de la plaine, jusqu'au point où ils tombèrent par terre, entourés par le doux duvet d'herbe fraîche. Ils riaient. Valentin leva le bouquet vers les rayons de soleil. Les pétales dansaient à l'unisson sous la brise délicate printanière.
Mais, soudain, le bouquet de fleurs se teinta de rouge sang. Les pétales délicats se fanèrent, laissant place à une couleur sombre et oppressante. Le vent se transforma en un souffle glacial, et la lumière dorée du soleil se transforma en une obscurité menaçante. Valentin sentit un choc brutal, une sensation de vide et de vertige. Il se retrouva propulsé dans un lieu qu'il connaissait bien, mais qui paraissait étrangement différent. L'atmosphère était lourde, emplie d'une tension palpable. Des écrans qui bordaient les murs affichaient des messages d'alerte rouge, des lignes de code défilant à toute vitesse, signalant des anomalies et des violations de la Timeline. Des agents temporels, certains blessés, d'autres inconscients, gisaient au sol. Valentin, épris de peur et de panique, analysa la scène qui se déroulait sous ses yeux. Son regard rencontra une vision qui la terrorisa. Deux corps gisaient devant lui, ils ressemblaient étrangement à ceux de ses meilleurs amis… Il se leva, lâchant son bouquet de fleurs, et courut vers eux. Il ne manqua pas de trébucher plusieurs fois sur les corps inanimés des agents temporels. Arrivé à sa destination, il se figea sur place. Il avait reconnu Rosa, le visage pâle, les yeux fermés. Et à côté d'elle, Klein, le corps inerte. Il s'agenouilla, criant leurs noms encore et encore, en vain… Il allait appeler à l'aide, quand soudain son regard se figea de nouveau. Le bouquet de fleurs qu'il tenait dans son rêve s'était transformé. Il était devenu le corps inanimé de la jeune fille qui était avec lui dans les plaines. Son visage, autrefois flou, était maintenant visible, marqué par une profonde tristesse. Ses yeux, qui l'avaient regardé avec tant d'amour dans son rêve, étaient maintenant vides, fixés sur le néant. Valentin sentit une vague de panique le submerger. Il se mit à trembler, incapable de comprendre ce qu'il voyait. Tout à coup, une silhouette apparût. Il la regarda, figé sur place. La silhouette lui semblait très floue, comme si quelque chose l'empêchait de la distinguer entièrement. Elle s'approchait d'un pas lent vers lui, une aura oppressante et menaçante se détachait d'elle. Se tenant devant Valentin, elle le regarda. Valentin croisa son regard, terrorisé et cloué sur place. Tout à coup, sa main lui attrapa la gorge, et le fit léviter dans le vide. Valentin sentit son souffle se couper, sa gorge se serrer. Il essaya de toutes ses forces de desserrer l'étreinte de la silhouette, en vain… Son souffle se dissipait de plus en plus, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Son esprit tomba dans le néant. Ses muscles n'avaient plus de force. Son corps se glaça. Ses yeux se fermèrent. Il sentit son cœur s'arrêter de battre petit à petit, jusqu'à qu'il n'entendît plus un seul battement.
Valentin se réveilla en sursaut, la sueur froide lui collant à la peau. Il était allongé dans son lit, les draps en désordre autour de lui, le cœur battant à tout rompre, les yeux fixés sur le plafond de sa chambre. Un rêve, un cauchemar. Il se sentait encore engourdi. Après un moment, il bougea enfin, regardant l'heure affichée sur son réveil, 05h37. Une heure et demie plus tôt que prévu. Il soupira, se leva et s'approcha de la fenêtre. Le ciel étoilé entourant la Timeline était toujours aussi ravissant et envoûtant.
"C'était juste un rêve…", se dit-il, essayant de se convaincre.
Mais une sensation de malaise persistait en lui. Le cauchemar était trop réel, trop intense. Il se souvenait de la jeune fille, de son visage flou, de son sourire, de son regard. Il se souvenait du rouge sang qui avait envahi les plaines de Windbreeze, de la tension qui régnait dans le hall de la Time Agency, des corps inertes de ses amis. Il se dirigea vers la salle de bain, se regardant dans le miroir. Son visage était pâle, ses yeux verts émeraude cernés. Il avait l'impression d'avoir vécu une nuit agitée, pleine de cauchemars. En dehors de ça, il abordait toujours le même visage au réveil. Ses longs cheveux roux étaient en bataille, une trace de l'oreille restant sur sa joue, et son pyjama ressemblait plus à un chiffon… Il se doucha, espérant que l'eau fraîche le réveillerait complètement. Mais rien n'y fit. Le cauchemar était toujours là, gravé dans son esprit. Heureusement, l'eau fraîche avait parvenu à faire disparaître cette horrible trace de l'oreiller et ses cernes. Il s'affaira, ensuite, à s'occuper de sa peau et de ses cheveux. La lotion hydratante rafraîchissait sa peau, ce qui le revigora un peu. Il brossa ses cheveux tout emmêlés, les coiffa en une queue de cheval haute, et ajusta sa frange. Il décida, ensuite, d'enfiler son uniforme gris de la Time Agency. L'uniforme était tout un monochrome de gris avec quelques variations par-ci, par-là. L'emblème de la Time Agency se dressait fièrement au niveau du torse de Valentin, lui rappelant le douloureux souvenir de cette nuit…
"Vu que je suis debout, autant commencer ma journée…" soupira-t-il, devant le miroir.
Il sortit alors de sa chambre, et se dirigea vers le réfectoire de la Time Agency. Les couloirs étaient si calmes, baignés par la lumière de la Timeline qui traversait les fenêtres. C'était si différent de son cauchemar. Après tout, c'était normal qu'à cette heure-ci il n'y avait pas un chat… Il était si tôt dans la journée. Il arriva au réfectoire, un lieu immense et toujours animé, où la nourriture était préparée en continu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, par des agents temporels assistés par des robots cuisiniers. Bien que d'habitude cet endroit était très souvent animé, il n'y avait en réalité que quelques personnes à cette heure-ci. Voir du monde rassura Valentin, dont l'esprit et le cœur ne s'étaient toujours pas calmés. Il prit un plateau et se servit un petit déjeuner frugal : un toast, accompagné d'une salade de fruits shiftlandiens et d'un bubble tea aromatisé au thé vert. La nourriture du réfectoire était toujours excellente, mais, ce jour-ci, Valentin mangea sans vraiment savourer le goût des aliments. Il restait préoccupé et angoissé. Il avait du mal à se débarrasser de ce cauchemar. Après avoir fini de débarrasser son plateau, Valentin vérifia l'heure indiquée sur sa montre, 06h42. Il soupira de nouveau. Ses cours ne commençaient qu'à 8h00, ce qui lui laissait le loisir d'essayer de calmer ses pensées intrusives… Il se rendit alors dans la salle d'entraînement, le goût de l'adrénaline allait sûrement calmer son esprit. Il s'empressa donc de prendre son épée légère, et d'actionner le casque de réalité virtuelle qu'il portait. Sa séance d'entraînement pouvait commencer. Plusieurs ennemis apparurent les uns après les autres devant Valentin. Il prit une grande inspiration avant de dégainer son épée, et de s'élancer vers l'un d'entre eux. L'ennemi tomba à terre en un seul coup tranchant. Puis, un deuxième tomba également. Puis, un troisième. Les coups de Valentin étaient aussi rapides que le vent. En représailles, trois d'autres eux s'élancèrent à leur tour sur Valentin qui esquiva l'attaque à la dernière minute. En esquivant l'attaque, il décida de prendre davantage ses distances avec ses ennemis. Il prit plusieurs inspirations.
"Qu'est-ce qui me prend ? D'habitude, ce niveau est celui que j'arrive à finir le plus vite !" pensa-t-il.
Tout à coup, il sentit une présence derrière lui, et se retourna rapidement. Un ennemi venait d'apparaître pile derrière lui ! Valentin bloqua l'attaque avec effort. Il sentait que le poids de l'attaque de son ennemi était intense sur son épée. Il entendit des bruits de pas s'intensifier dans sa direction, et il jeta un coup d'œil derrière lui. Ceux qui l'avaient obligé à prendre ses distances étaient de retour et étaient prêts à l'embrocher vivant !
"Merde !" grogna-t-il.
C'est à ce moment-là qu'une notification s'afficha sur l'interface du masque. Cette notification était une invitation à rejoindre la simulation en cours. Une aide dans un moment pareil n'était pas de refus, et Valentin accepta immédiatement. À ce moment précis, une silhouette apparût dans les airs et le poids qui opprimait son épée disparût, ainsi que les bruits de pas derrière lui. Tout était redevenu calme… Valentin était figé, incapable de comprendre ce qu'il venait de se passer. C'était d'une rapidité ! Après quelques instants, il se retourna rapidement pour remercier son sauveur, mais il se figea. Il n'y avait plus personne !
"... Hein ?!" souffla-t-il enfin.
C'était à n'y rien comprendre ! Il ouvrit rapidement la fenêtre des notifications et s'aperçut que la personne venait de se déconnecter il y a quelques secondes. Elle ne semblait pas avoir laissé de message non plus… Mais sérieusement ! Quelle matinée !